Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a demandé, vendredi 5 novembre, le « retour immédiat » du gouvernement civil au pouvoir, après le putsch du 25 octobre. La Haute commissaire aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, a dénoncé toute une série de violations des droits humains, comme les tirs à balles réelles contre des manifestants qui, selon elle, ont fait 15 morts et plus de 300 blessés, mais aussi la coupure internet depuis le putsch, qui empêche la population de s'informer.
Depuis plusieurs jours, d’intenses négociations sont en cours à Khartoum, avec de nombreux médiateurs nationaux comme étrangers, pour tenter de remettre sur les rails la transition. Parmi les pistes étudiées : un gouvernement de technocrates mené par Abdallah Hamdok, le Premier ministre en résidence surveillée depuis le putsch.
Les spéculations vont bon train mais pour le moment, aucun accord n'a encore été trouvé entre civils et militaires. Si les médiateurs internationaux cherchent à pousser les généraux au retour au statu quo d’avant le coup d’État, les militants soudanais mobilisés dans les rues ne l'entendent pas de cette oreille
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Sur le bord de la route, des dizaines de militants arrêtent les voitures pour faire passer le message : dimanche 7 novembre, une nouvelle manifestation massive est attendue. Les membres des comités de résistance comme Duaa Tariq rejettent toute négociation avec les généraux putschistes.
« Burhan est dans une impasse face à la force de la rue. Nous pouvons tenir longtemps et nous sommes bien organisés. Même la coupure internet ne nous a pas arrêté. Nous restons debout. La seule chose qu’on demande, c’est que les militaires retournent dans leurs casernes et qu’ils rendent le pouvoir à un gouvernement 100% civil », explique une manifestante.
« Les jours qui viennent vont être déterminants »
Pour les représentants des partis civils toujours en liberté, sans nouvelles de leurs confrères emprisonnés, les médiations qui prônent un retour au statu quo entre militaires et civils ne seront pas acceptées par la population. Riyah Saddiq, des Forces pour la liberté et le changement, déclare :
« Je pense que tout accord, quelle que soit sa nature, s’il n’a pas entendu les revendications de la rue, va faire face à une opposition farouche. Si le Premier ministre Abdallah Hamdok revient sur la scène et endosse un accord complaisant à l’égard des militaires, il sera lui aussi la cible des manifestants qui demanderont sa chute. Les jours qui viennent vont être déterminants. »
Le soir, dans de nombreux quartiers de la capitale, des estrades sont improvisées à même la rue. Les habitants se retrouvent par centaines et les discours s’enchaînent. La résistance pacifique se poursuit.
Le général Burhan annonce quatre libérations... avant d'ordonner de nouvelles arrestations
À la demande du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Norvège et des États-Unis, une session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU s'est tenue vendredi. Celui-ci a demandé le « retour immédiat » du gouvernement civil au pouvoir au Soudan, ainsi que la libération des responsables arrêtés. Dans la résolution adoptée à Genève, l'inquiétude est palpable.
Il y a au Soudan « une détérioration dramatique de la situation des droits de l'Homme », selon l’ambassadeur britannique. Les membres du conseil demandent également la nomination d’un expert chargé de surveiller le respect des droits humains dans le pays.
Jeudi, après un échange téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU, le général Burhan, auteur du putsch, a annoncé la libération de quatre ministres. Mais dans la foulée, d’autres personnalités de haut rang étaient arrêtées, alors qu’ils sortaient d’une réunion avec le représentante des Nations unies dans le pays.
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