L'ONU s'est dite mercredi 22 décembre « contrainte » de réduire l'aide alimentaire au Yémen faute de fonds nécessaires. Une « mesure désespérée » au moment où la faim augmente dans ce pays en guerre, ravagé par l'une des pires crises humanitaires au monde.
Au Yémen, le Programme alimentaire mondial, le PAM, lance un cri d'alarme. Faute de fonds, cette agence de l'ONU va devoir réduire son assistance alimentaire. Huit millions de Yéménites sont concernés, et ces réductions de l'aide alimentaire arrivent au pire moment. La situation est très précaire, la faim augmente jour après jour dans le pays. Quelque 80% des plus de 30 millions d'habitants du Yémen dépendent de l'aide internationale.
Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est dévasté par un conflit de sept ans entre les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, et les forces du gouvernement, appuyées par l'Arabie saoudite.
« Aujourd’hui, parce que nous n’avons tout simplement plus assez de fonds, nous sommes obligés de réduire l’assistance alimentaire à la population, déplore Annabel Symington, la porte-parole du PAM pour le Yémen au micro de Nicolas Feldmann. Huit millions de personnes ne vont plus recevoir que la moitié des rations alimentaires minimum quotidiennes. Nous devons faire cela pour continuer à soutenir le reste de la population : les cinq millions de personnes les plus fragiles qui risquent de sombrer dans une situation de famine. Donc voila où nous en sommes : réduire l’aide de gens qui ont faim pour subvenir aux besoins des plus affamés. C’est tragique d’en arriver là. »
Le PAM craint des « réductions encore plus sévères bientôt inévitables » faute de financement. « Des personnes pourraient alors être complètement exclues des programmes d'aide alimentaire », a-t-il déploré dans un communiqué.
L'agence onusienne a estimé que plus de la moitié de la population du Yémen est confrontée à une faim aiguë et la moitié des enfants de moins de cinq ans (2,3 millions) risquent de souffrir de malnutrition.
Appel aux dons
Le PAM a dit avoir besoin de 813 millions de dollars (environ 721 millions d'euros) « pour continuer à aider les plus vulnérables au Yémen jusqu'en mai ». Et en 2022, 1,97 milliard de dollars (1,74 milliard d'euros) seront nécessaires « pour continuer à fournir une aide alimentaire vitale aux familles au bord de la famine ».
En mars, l'ONU, la Suède et la Suisse avaient organisé une conférence de donateurs avec la participation d'environ 100 pays, réunissant à peine la moitié des fonds escomptés pour l'aide humanitaire au Yémen.
L'objectif de l'ONU était de lever 3,85 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros) mais seulement 1,7 milliard (1,5 milliard d'euros) ont été promis par des gouvernements et des donateurs particuliers.
Corinne Fleischer, directrice régionale du PAM pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a expliqué dans un communiqué que « les stocks alimentaires du PAM au Yémen sont dangereusement bas. Nous avons désespérément besoin que les donateurs, qui ont été si généreux par le passé, travaillent avec nous pour éviter cette catastrophe alimentaire imminente. »
La mise en garde du PAM intervient au lendemain de l'annonce de la fermeture de l'aéroport de Sanaa, la capitale aux mains de rebelles, y compris aux vols humanitaires, les seuls autorisés jusqu'alors.
Cette fermeture a été provoquée par des raids aériens de l'Arabie saoudite, qui a dit riposter à des attaques de drones fomentées depuis l'aéroport.
Depuis la prise de Sanaa en 2014, les Houthis se sont emparés de la majeure partie du nord du Yémen, en dépit de l'intervention un an plus tard d'une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite en appui aux forces loyalistes.
Selon l'ONU, cette guerre aura causé la mort de 377 000 personnes d'ici la fin de l'année 2021, dont environ 227 000 décès dus aux conséquences indirectes du conflit, en particulier la faim, les maladies et le manque d'eau potable.
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