La cinquième vague de Covid-19 déferle un peu plus chaque jour, en France. Plus de 30 000 cas positifs ont été confirmés ces dernières 24 heures. La moyenne quotidienne a doublé depuis la semaine dernière.
L’hôpital de Valenciennes présente un mélange architectural élégant. Une vieille façade de briques rouges fait face à un bâtiment plus récent. « Bienvenue à l'hôpital magnétique ». C'est en ces termes que Rodolphe Bourret le directeur général de l'établissement vous accueille. « C’est un hôpital attractif. On a acquis cette attractivité grâce à notre management délégué. Les équipes soignantes ont les responsabilités de décisions, elles sont les donneuses d’ordre, et nous, l’administration, nous sommes les supports de leurs ordres ».
Réactivité au début de la pandémie
A Valenciennes, on a inversé la pyramide de gouvernance de l'hôpital. A la tête de chaque service on retrouve un trinôme regroupant équipes soignantes, médicales et administratives. « Tout le monde est intéressé, on a cette capacité à créer et mettre en musique des projets en lien avec nos spécialités », explique le docteur Nabil Elbeki, à la tête du pôle urgence, anesthésie, réanimation et médecine polyvalente.
Au début de la pandémie en février 2020, cette organisation a permis à l'hôpital d'être bien plus efficace que certains autres établissements. « Quand on s’est aperçu de l’ampleur de la crise en Italie, on a tout de suite repensé notre organisation aux Urgences, poursuit le médecin, on a pu créer des flux particuliers pour les patients afin d’éliminer les contaminations dans nos structures. Ça nous a permis d’éviter une crise qui mette à plat nos équipes ». Parallèlement un plan de bataille est mis sur pied du côté de la réanimation. En quelques jours, le centre hospitalier a pu doubler sa capacité d'accueil passant de 20 à 44 lits.
Cette stratégie semble payer puisque l'hôpital enregistre de bons résultats. On vient de loin pour se faire soigner à Valenciennes. En quelques années l'hôpital est passé de 175 000 à 350 000 consultations par an.Les idées d'améliorations viennent du terrain. Tout le monde se sent concernés. « On veut de la performance. Au départ, on ne voyait qu’à court terme désormais c’est du moyen ou long-terme, explique Alexandra Bonkowski ancienne infirmière passé cadre de l'unité chirurgie ambulatoire. Dans mon service, nous avons initié un projet de petites voitures électriques pour emmener nos patients au bloc opératoire. Ça contribue à améliorer les conditions de travail, ça a changé nos modes de fonctionnement ».
Cette gestion décentralisée permet à l'hôpital de Valenciennes de réduire certains coûts, notamment côté administratif. Pas de surendettement ici. L'établissement est à l'équilibre. Il dégage même un léger excédent certaines années.
Un malaise des soignants persistant
Au moment où les soignants et non soignants se sentent abandonnés, déconsidérés au sein d'hôpitaux publics surendettés et manquant de moyens, cette recette valenciennoise permet-elle de garder les soignants ?
Le fameux « magnétisme » dont parlait le directeur général n’échappe pas à la réalité. Rodolphe Bourret met en avant le taux d'absentéisme de l'hôpital, « le plus faible de France avant le Covid ». Mais aujourd'hui question effectif, cela reste tendu reconnaît le docteur Nabil Elbeki : « On est dans une ambiance, on est dans un pays. Même si on fait attention à la qualité de vie au travail, on reste contraint par une politique nationale, des grilles de santé publique créées par décret, on n’a pas la liberté complète sur la politique salariale. Finalement, on n’est pas complètement différent sur tous ces sujets qui intéressent nos soignants ».
D'après un représentant syndical de l'établissement, il y a des départs à Valenciennes. Des soignants à bout qui démissionnent et se reconvertissent. Il nous raconte même cette histoire d'une soignante partie travailler à la chaîne chez le constructeur automobile Toyota à côté. Elle témoigne : « Il y a moins de charge mentale en usine qu’à l'hôpital public ».
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