dimanche 3 octobre 2021

Moyen-Orient.Pourquoi suis-je né au Yémen, pays meurtri par la guerre ?

 Le petit État de la péninsule arabique est une terre au passé glorieux aujourd’hui maudite et meurtrie. Le coupable : un conflit qui se perpétue depuis l’installation, il y a plus d’un millénaire, du dignitaire religieux dont se réclament les houthistes, écrit un journaliste yéménite dans ce texte élégiaque.


Dans cette guerre sans fin, nous passons notre temps à veiller les morts et à pleurer les revers du sort. Un sort qui nous a fait échouer sur une terre dont les habitants se passent en héritage des cycles de violences et de drames. Ce pays qui jadis s’appelait l’Arabie heureuse est aujourd’hui le lieu de tous les malheurs.


À l’extrémité sud-ouest de la péninsule arabique, sur une surface de 555 000 kilomètres carrés, quelque 30 millions d’habitants subissent la malédiction de la géographie et l’emprise des superstitions religieuses, des croyances, des appartenances confessionnelles et du legs pesant et suranné des ancêtres.

De guerre en guerre, cette terre semble s’enfoncer dans des pesanteurs qui remontent à la nuit des temps. Comme si une insaisissable épidémie y avait élu domicile pour priver les habitants, génération après génération, de moments de joie et d’espoir.”

On y date les naissances d’après les guerres et les catastrophes. Il suffit de regarder Facebook pour constater que la plupart des Yéménites fêtent leur anniversaire au mois de janvier. Car les parents ne se soucient de la date de naissance d’un enfant qu’au moment de l’inscrire à l’école, quand il atteint “à peu près six ans”.

En cette année 2021, selon l’Unicef, près de 2,3 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition sévère à cause de la guerre. Pour les plus jeunes, cela a des conséquences sur le développement physique et intellectuel et les condamnera durablement à la pauvreté et à la misère. Ces enfants de la guerre font leurs premiers pas dans la vie sur une voie qui les mène à l’avilissement. Le destin a voulu qu’ils naissent au mauvais endroit. Tout ce qui les attend, ce sont de nouveaux cycles de violences où ils serviront de chair à canon.

Les réminiscences du passé
Les Yéménites sont prisonniers du passé, un passé dont ils ne cessent de reproduire les luttes, de rejouer les figures et de relancer les griefs. La guerre actuelle est quasiment la copie conforme de celles qui se suivent depuis le IXe siècle. C’est à ce moment-là qu’est arrivé l’imam Al-Hadi Yahya Ben Hussein, venu du centre de la péninsule pour s’installer sur les hauts plateaux du nord-ouest yéménite. C’est là qu’il a fondé la dynastie confessionnelle zaydite, qui se réclame de l’arbre généalogique du Prophète et qui a fait de la ville de Saada son fief. [Le mouvement des rebelles houthistes se réclame de la même légitimité religieuse.

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