Le président français, Emmanuel Macron, a franchi un nouveau cap, lundi, et a demandé pardon aux harkis, au nom de la France.
"Le gouvernement portera avant la fin de l’année un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis", a déclaré le chef de l'État. Réclamée avec force par les associations, cette loi, qui devrait être votée avant la fin de la session parlementaire en février 2022, visera à mettre en place une commission nationale qui estimera notamment les demandes de réparation des anciens combattants et de leurs enfants et petits-enfants qui vivent dans la précarité.
Le président français leur a demandé pardon. Jusqu'à présent, Emmanuel Macron s'était toujours gardé de le faire sur les questions mémorielles, comme le Rwanda ou les essais nucléaires dans le Pacifique. Mais, pour les harkis, il s'agissait d'un "impératif moral" pour "l'idée qu'on se fait de la France", selon un conseiller. La France "a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants", a ainsi insisté Emmanuel Macron."La France leur a lâché la main et leur a tourné le dos"
Le chef de l'État a rappelé que près de 200 000 d'entre eux avaient porté les couleurs de la France lors de la guerre d'Algérie et qu'ils avaient rendu "d'imminents services". Mais leur accueil en France à la fin du conflit "ne fut pas digne" et la moitié d'entre eux furent "parqués dans des camps". "Ce fut le terrible sort des harkis, exclus, assujettis, empêchés, français toujours, bannis de leur sol natal, bafoués sur leur sol d'accueil", a résumé Emmanuel Macron. "Pour vous et vos familles, ce fut un abandon", a-t-il ajouté. "La France leur a lâché la main et leur a tourné le dos".
Lors de cette cérémonie, étaient invitées à l'Élysée quelque 300 personnes : des harkis, désormais très âgés, soixante ans après la fin du conflit, mais aussi leurs descendants, des responsables d'associations et des personnalités. Cette réception s'est tenue cinq jours avant la journée nationale d'hommage aux harkis, qui est célébrée tous les 25 septembre depuis 2003, notamment dans le sud de la France où ils sont très présents.
Une forte émotion était palpable dans la salle des fêtes de l'Élysée. Le discours d'Emmanuel Macron a ainsi été interrompu pendant quelques minutes : une femme, très émue, l'a interpellé en affirmant que les excuses ne suffisaient pas. Le président a été aussi applaudi à plusieurs reprises, notamment quand il a déclaré : "Aux combattants, je veux dire notre reconnaissance ; nous n'oublierons pas. Je demande pardon, nous n'oublierons pas".
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