jeudi 8 avril 2021

Accusations de complot en Jordanie : le populaire prince Hamza au cœur d'une affaire trouble

 Le roi Abdallah II a indiqué, mercredi, que l'affaire qui a secoué la Jordanie ces derniers jours, celle d'un complot présumé, dont le protagoniste serait l'ancien prince héritier Hamza, était résolue. Mais si son demi-frère est rentré dans le rang en lui jurant "fidélité", il n'a pas pour autant renié ses critiques contre le pouvoir. Décryptage.


La monarchie jordanienne a semble-t-il réussi à éteindre l'incendie provoqué ces derniers jours par cette tentative de "déstabilisation du pays" dans laquelle le pouvoir accuse le prince Hamza, demi-frère du roi Abdallah II, d'être impliqué.


Le monarque l'a assuré, mercredi 7 avril, en affirmant que la crise qui a ébranlé le royaume était "terminée". "Je vous assure que la sédition a été étouffée dans l’œuf", a-t-il indiqué dans un message lu en son nom par un présentateur de la télévision publique. "Le défi de ces derniers jours n'a pas été le plus dangereux pour la stabilité du pays, mais il a été le plus douloureux pour moi car les parties impliquées dans cette sédition étaient de notre maison et de l'extérieur", a-t-il souligné.
Mais l’affaire semble loin d’être close en raison de ses nombreuses zones d'ombre et des interrogations qu’elle laisse en suspens, notamment à propos de l’implication du prince Hamza qui, selon la version officielle, est toujours le personnage central du "complot" présumé. Il reste très difficile de comprendre ce qu’il s’est réellement passé en Jordanie, d’autant plus que la justice a interdit la publication de toute information sur l'affaire "par souci de respecter le secret de l'enquête des services de sécurité concernant le prince Hamza et d'autres".

Pour les observateurs jordaniens, il est peu probable qu’un "coup d'État" était réellement en préparation. Et pour cause : selon Oraib Al-Rantaoui, tous les appareils sécuritaires et militaires, sans lesquels aucun putsch ne peut avoir lieu, sont loyaux et sous le contrôle du roi Abdallah II, lui-même très populaire dans le pays.

"Il s’agit sans doute de dissensions dans la famille royale qui ont été étalées au grand jour et il semble qu’il y a eu une escalade du côté du prince Hamza à laquelle l’État a répondu par une escalade", poursuit-il.
Oraib Al-Rantaoui estime que la médiation familiale et la lettre d’allégeance signée par le prince Hamza ont permis d’éviter un envenimement de la crise et de sauvegarder la stabilité et l’image de la monarchie. "Sachant qu’au final il n’y avait que deux solutions pour y mettre un terme : soit le prince Hamza acceptait de régler le conflit au sein de la famille, soit il allait devoir répondre d’accusations très graves devant les tribunaux", dit-il.

"Des positions proches de l'opposition"

"Si le prince Hamza a accepté de signer une lettre d’allégeance au roi et au prince héritier, cette signature ne met pas un terme à l’affaire puisqu’il a clairement exprimé son point de vue politique dans les vidéos qui ont été publiées depuis quelques jours", indique Alaa al-Faraa, un activiste politique jordanien en exil en France, joint par France 24. Il est vrai que le prince Hamza n'a toujours pas fait, jusqu'ici, amende honorable pour ses critiques contre le pouvoir.

Le roi Abdallah II a-t-il considéré comme une attaque personnelle la liberté de ton et les griefs énoncés ces derniers temps par son demi-frère, qui a également reconnu avoir été présent à des meetings où le pouvoir a été critiqué ? Le prince Hamza "jouait depuis un certain temps sa propre partition politique et affichait des positions proches de l'opposition", indique Oraib Al-Rantaoui. 

En attendant que le black-out médiatique sur cet épisode de l’histoire hachémite soit levé, et que les enquêteurs en disent plus, il n’en reste pas moins que le scandale qui a éclaté au grand jour risque de laisser des traces en Jordanie, où cette affaire est un évènement sans précédent, rappelle Oraib Al-Rantaoui. "Alors même que les rivalités et les différends ont toujours existé au sein de la famille royale, ils ont toujours été réglés par le dialogue, discrètement à l’intérieur de la famille, sans médiatisation ni violence", précise-t-il.

Une affaire de complot et de sédition qui tombe au plus mal alors que la Jordanie est sur le point de fêter, le 11 avril, le centième anniversaire du royaume hachémite, et qu'elle se targue d’être le pays arabe le plus stable du Proche-Orient. 

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